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Tout a une faille. Depuis Achille et son fameux talon, jusqu’au matériaux indestructibles qui ne le sont pas tant que ça. Tout est faillible. L’être humain ne s’exclut pas à la règle, autant que la pierre, la feuille, ou le ciseau. Il en va de même avec nos problèmes. Nos problèmes ont du mouron à se faire. Le problème des problèmes des humains… c’est vous. 

Un problème, un point de vu

Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, « la vie n’est pas un long fleuve tranquille », déjà enfant, on nous pose à l’école en mathématiques des problèmes et selon nos solutions, nous sommes notés et évalués. Drôle de métaphore de vie, non ? Evaluer nos capacités à résoudre des problèmes. On aurait pu avoir pour finalité de mesurer notre créativité face à des énigmes… mais non, iI a fallu qu’on appelle ça problème. Banalisant un mot qui marquera les adolescents et les adultes que nous serons plus tard. 

Enigme, expérience, mystère, et défi serons des termes que, en tant qu’adultes, nous laisserons aux enfants. Gardant les problèmes de grands pour les grands. Bref… dans la vie nous avons des problèmes, et depuis toujours, on cherche à les résoudre. 

Le timide cherche à ne plus l’être, l’émotif à se canaliser, l’obsessionnel à lâcher prise, et la procrastinatrice à être plus obsessionnel. Celui qui est dissocié de ses émotions veut les exprimer, alors que le colérique l’envie. Bref, au risque encore une fois d’enfoncer des portes ouvertes : nous sommes différents.

Nos histoires sont différentes, nous ne traversons pas les mêmes peines, les mêmes drames, comme nous ne vivons pas les mêmes joies, et les rires ne nous poussent pas tous de la même manière. 

Si les histoires sont différentes, comme se fait-il que parfois ceux qui devraient avoir une histoire compliquée peuvent ne pas le vivre comme tel, et que certains ont plein de problème alors que tout devrait aller bien ? A croire que certains ont eu leur cota alors que d’autres ont pris un abonnement. Ce sont souvent ceux qui disent eux même à : « je m’invente des problèmes ». 

Certains vont avoir pour problème d’être fumeur, alors que d’autre ne sont pas touché plus que ça par ce comportement. C’est bien notre regard sur la réalité qui façonne ou pas nos problèmes. 

Pour reprendre une idée d’Epictète, « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les opinions qu’ils en ont. »

Point de vu, perspective et vision de soi

Le souci est que changer d’opinion n’est pas une mince affaire pour l’être humain et son égo, coincé entre les histoires de chemise qu’on change et qui ne font pas bon genre, et la connerie de ceux qui ne change pas d’avis, pas simple. 

Par contre, nos opinions, nos points de vu sont tous portés par une représentation interne qui agit et qui influence nos décisions et nos réactions. Pour ceux qui sont habitués à l’hypnose et l’auto hypnose, vous le savez, notre imagination et nos représentations mentales crée notre réalité, qu’elle soit problématique, ou pas.

(Autre article à ce sujet Imagination, et hypnose.) 

Du coup, notre représentation mental d’un problème forme une opinion, qui serait plus pénible parfois que l’événement même d’origine.  Et où est le problème du problème là-dedans ? 

Et bien, le souci vient que, la plupart du temps, nous cherchons à nous identifier à ce que nous faisons, ce que nous pensons, ce que nous réalisons. Quand deux personnes se rencontrent, qu’est ce qui est dit en premier ? Comment se présentent-t-elles ? Au-delà du nom et prénom, arrive les identification type : métier, pays/ région d’origine… et autres étiquettes. Rien d’anormal ici, nous avons un besoin d’appartenance. Peut être issu de nos origines tribales : 

Salut, moi tarzan, moi chef, moi habiter ici, territoire moi ici… et toi qui ?

S’identifier à ce qu’on fait, type « je suis architecte », « je suis médecin », ou à ce qui nous plait et nous porte, comme « je suis grimpeur », je suis maman », en soit c est ok. 

Mais qu’en est-il des phrases types : « je suis fumeur, je suis timide, je suis gros (se), je suis malade… »

Le poids n’est pas le même, n’est-ce pas ? Pourquoi ? Parce que dans les premiers exemples, nous nous identifions à quelque chose neutre, ou positif. Au risque d’ailleurs de s’oublier. 

C’est le cas des parents qui se sont tellement identifier à l’étiquette parent, que le jour du départ de l’enfant, ont du mal à se rappeler qu’ils sont bien d’autre chose, notamment, un couple. Le sportif, peut aussi vivre le revers de la médaille de l’densification « sportif » à la fin de sa carrière. Peut-être que les grands moments de vie ne sont que des identifications trop fortes à lâcher ? Mais ce n’est pas le sujet ici. 

Mais dans le second cas, nous nous identifions à une problématique, à un comportement. Nous nous liions, nous en tant qu’être humain et quelque chose qui n’est pas nous.

Désidentification et fragilisation du problème

Petit, enfant, nous apprenons à faire la distinction entre Moi et l’Autre/ l’Objet. On apprend à se construire soi-même en faisant les distinctions entre soi et les actions. En pédagogie, type Montésorie, on enseigne aux enfants à faire la distinction entre « tu es méchant », et « ce que tu as fais là est mal ». Règle toute simple, non ? Permettant de faire la part des choses et s’assurer de lier ce que nous définissons Nous même, avec ce qui est bon pour nous. Mais c’est la théorie. Parce qu’en pratique ce n’est pas si simple. On s’identifie depuis toujours. Du « je suis bon en maths », à « il est peureux ». C’est une habitude qui laisse des traces. 

Bon nombre des clients qui viennent en cabinet pour des séances d’hypnose, viennent en se définissant par leur problème. 

« Bonjour, je suis fumeur »  

« Bonjour, je suis stressé »

« Bonjour, je suis phobique

« Bonjour, je suis angoissé »

J’arrête ici ma liste, vous avez compris où je veux en venir ? Mentalement, nous mettons au même pied d’égalité notre prénom, qui nous sommes, et ce qui nous embête. Ferions-nous la même chose pour une écharde dans le pied ? 

« Bonjour, je suis Jonathan Bel Legroux et je suis échardé dans le pied… » Etrange ? 

Une première étape soulageante est de faire la distinction entre ce que nous sommes, et ce que nous faisons. Quelque part, c’est faire une vraie révolution interne, et externe. La communication, les médias, nos proches auront tendance à nous rappeler que nous sommes ce que nous ne voulons plus être. 

« Vous êtes stressé ? Vous êtes sous pression ? Nous avons la solution… » 

C’est le genre de titre vendeur, manipulateur parce qu’il touche directement à l’identité justement. Alors, ça va être à vous de transformer c’est lien logiques pourtant absurde.

Je suis stressé en ce moment… enfin, je veux dire que je ressens du stress. »

A vous de réfléchir à comment entamer cette gymnastique ! 

Mais le vrai travail va être justement dans ce qui fonde nos opinions sur nous-même et nos problématiques : nos représentations mentales inconscientes. 

Image de soi et technique d’auto hypnose

Après être rentré dans un état d’hypnose, ou d’auto hypnose, l’idée va être de dissocier le problème à vous-même, ou du moins à l’image de vous-même. 

Une fois sous hypnose, imaginer devant vous une forme. Avant de se séparer, elle va représenter la situation actuelle problématique. Par exemple : moi en train de fumer. Ce qui est intéressant, ça peut être d’avoir un signal émotionnel assez marqué là, pourquoi pas désagréable histoire de créer indirectement une sorte de répulsion par rapport à cette identification. (Dans cet exemple, visualiser plein de cendre partout, sentir l’odeur… bref, pas la peine de vous faire un dessin… soyez créatif 😉

Puis progressivement, vous allez imaginer et observer la division de cet forme unique, en deux formes distinctes. La première va représenter la problématique, alors que la seconde, sera vous. Tout simplement vous. Dans cette technique, il n’est pas question d’être « la meilleure version de vous-même » (ce qui serait irréaliste, puisque la problématique fait encore partie du quotidien. Mais plus de vous, par contre 😉 )

A ce moment, vous devriez sentir une forme de soulagement, ou de distance déjà par rapport au problème, comme une forme de relation plus factuelle. 

La dernière étape consiste à s’associer à la représentation mentale de vous-même. Autrement dit – plongez mentalement dedans, ressentez de l’intérieur les différences. A ce moment, il peut y avoir une émotion agréable qui peut surprendre, celle de se retrouver soi-même.

Enfin, sortez de l’état d’hypnose. Vous venez de réorganiser votre opinion de vous-même et de la problématique.  

La quête de l’acceptation d’être soi

Il est possible d’avoir à refaire cette technique quelques fois. Pour fissurer, fragiliser le problème pour mieux l’aborder de front par la suite en auto hypnose ou avec un praticien. 

Fréquemment, ce qui nous empêche de changer n’est pas autre chose que la question « qui suis-je si je n’ai plus cette problématique pour me définir » ? Imaginez, après 20 ans d’anorexie, de phobie, de déprime… tant d’année à être fumeur, ou sportif… qui suis-je lorsque je ne suis plus ça ? Parfois le vide venant en réponse à cette question peut être plus angoissant que le problème lui-même. Commencer par ce rappeler que l’on est plus qu’un problème, plus qu’une étiquette, plus même qu’un simple prénom… et ensuite, il est possible de ce soit plus simple. Le plus grand problème de nos soucis, c’est lorsque nous nous rappelons de nous. 

Ps : la technique est valable aussi pour les autres, pour nos proches. Apprendre à désidentifier la maladie d’un côté, et le proche, atteint de l’autre. Ainsi, une personne « n’est pas grippée », elle a la grippe. Dans l’image renvoyée, ça en sera souvent bien plus qu’appréciable.